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Les caisses libérales en danger

 
L’État, déjà en train de récupérer le Fonds de réserves des retraites (FRR), aurait-il d’autres vues ? Déjà sous Napoléon III l’État détournait sans vergogne l’argent mis de côté pour les retraités, afin d’assumer les dépenses courantes. Ainsi en 1853 l’argent du fonds de retraite des fonctionnaires a été détourné, l’État s’engageant en contrepartie à financer ces retraites. Si à l’époque cet engagement figurait dans la dette publique, ce n’est plus le cas, mais c’est une autre histoire.

D’autres pays ont aujourd’hui pris ce chemin ou sont en passe de le faire, comme la Hongrie, la Bulgarie, mais aussi la France.

La technique semble la même partout. Ainsi dans les autres pays, on a commencé par commander des rapports à des organismes d’État, dénigrant la gestion de ces fonds de réserve. Ensuite avec l’aide de la presse et des organisations syndicales opposées aux organismes , on publie ces “résultats” pour sensibiliser l’opinion publique . Fort de ce constat, l’État intervient en proposant de garantir les futures retraites en récupérant ces réserves. Bien évidemment le peuple manipulé applaudit l’État Providence !

L’ensemble des caisses de professions libérales vient de subir en deux ans quatre “contrôles” des autorités, le premier sur l’organisation et le fonctionnement de nos caisses, le second sur les placements, le troisième sur la gestion des régimes, et enfin le dernier encore sur les régimes complémentaires, mais cette fois par la Cour des Comptes au lieu de l’IGAS. Bien que nos caisses soient toutes différentes et autonomes, les conclusions sont les mêmes pour toutes, afin de pouvoir justifier et appliquer les mesures prévues d’avance.

Le but ? Réduire notre autonomie, et contrôler nos réserves.
Alors que le Conseil d’administration choisit librement son directeur pour appliquer sa politique, demain il faudrait le faire sur une liste de 3 noms fournis par les autorités, avec nomination pour 6 ans seulement. Il faut bien trouver des débouchés pour les occupants des différents ministères et organismes publics, mais avoir un directeur imposé par la tutelle, c’est la fin de l’autonomie des caisses, qui seraient alors dirigées par cette tutelle.

Ce directeur pourrait entraver ou orienter les décisions du Conseil d’administration si elles sont contraires à la ligne de son véritable patron, et museler le Président.

Alors que le premier rapport constate le bon fonctionnement de nos caisses, dû à de petites unités autonomes à moindre coût, il préconise également des convergences, comme l’informatique.

Toutes ces préconisations ont été mises en place pour la création du RSI (Régime Social des Indépendants, couvrant la maladie des professions libérales, commerçants et artisans, et la retraite des commerçants et artisans). Le système informatique mis en place sur préconisation d’un rapport IGAS, s’est soldé par une pagaille monstre et plusieurs milliards de pertes (nous disons bien milliards et non millions), sous le regard d’un directeur imposé, proche collaborateur d’un ministre, à six ans de la retraite et nommé pour six ans, et qu’il a fallu mettre de côté avant la fi n de son mandat pour incompatibilité avec le Conseil d’administration.

Afin de mieux gérer tout cela, on veut également nous imposer les fameux plans quinquennaux, baptisés COG (Conventions d’Objectifs et de Gestion). La gestion ne serait plus organisée en rapport avec des besoins constatés chaque année en fonction de la conjoncture et de l’évolution de la société, mais programmée et rigide pour une durée fixe. La croissance ne se constate plus, elle se décrète, tant pis s’il y a décalage. Là encore ces COG ont fait preuve de leur inefficacité totale au RSI pour redresser la barre, mais ce que fonctionnaire veut...

Cerise sur le gâteau, pour continuer de démolir ce qui marche bien depuis 70 ans, le rapport de la Cour des Comptes sur les régimes complémentaires, critique leurs disparités (fort justement organisée par la Loi de 1945), et tente de démontrer leur mauvaise gestion, sans que la notion de performance ne soit jamais ni étudiée, ni citée, alors qu’elle est le fi l conducteur. Si cet élément principal a été omis, c’est parce que les performances sont supérieures à la moyenne, constat allant à l’encontre de la recommandation télécommandée : fusion des réserves ! Il faut sanctionner les meilleurs et récompenser les imprévoyants ! À quoi bon prévoir l’avenir, l’organiser, si c’est pour un jour être dépossédé.

L’ensemble des caisses de professions libérales, dont la CARMF devront être vigilantes à l’automne, saison des projets de lois de financement de la Sécurité sociale. Elles comptent sur les professionnels et leurs organisations pour faire bloc, et que personne ne soit complice de ces méthodes qui n’ont qu’un but : déstabiliser pour prendre le pouvoir. Sont en jeu notre autonomie, nos spécificités, notre efficacité, et surtout la survie des professions libérales.
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